Trad Magazine – N°109
La République des papillons, BRAVO de Trad Magazine
Il y a plusieurs façons de jouer sa propre tradition. Celle qui dépouille pour recouvrer un os immémorial. Celle qui harmonise pour fonder un nouveau classicisme du genre. Celle qui y colle avec plus ou moins de bonheur les influences confuses d'une culture multiforme et immature. Celle qui dépote à l'instinct en un véritable discours ce qui est de soi sans question. Et celle qui a tout compris, étymologiquement. Katé-Mé en est plutôt à cette étape dernière. Non ultime si l'on en juge l'évolution permanente. Le 3e CD sorti en avril 2006 sonne le glas des certitudes pour les esprits à tiroirs, qu'ils soient archivistes frileux ou étiquetteurs de marchandise. (...)
Après deux CD déjà bien remarqués, c'est un normal chiffre trois qui consacre une machine maintenant très bien réglée et en perpétuelle évolution, de concert en concert. Le n°1 marquait l'intrusion de la musique de haute Bretagne dans une perspective évolutive, encore en recherche mais déjà remarquable. Le n°2 une mayonnaise qui prend enfin, émulsion légère parce que « maison ». Ce dernier est le résultat d'une mâturation qui ne demande qu'à porter encore d'autres fruits. Mais déjà si rockailleusement goûteux... (...)
Sans vouloir obéir aux purismes des genres invoqués, mais créer comme ça vient sans rien renier ni pervertir, les Katé-Mé composent paroles et musiques, causent de misère sociale, de bureaux de poste qui ferment, de petits doigts qui chatouillent, de papillons qui survolent le monde sans se prendre pour « big brother », et font l'hymne à la joie « disco » du rond dansé comme un partage. Quasi révolutionnaire en ces temps d'isolement rentable. Katé-Mé est dans ce train qui marche, un transsibérien zapatiste qui fait fondre les glaces stylistiques, fait craquer les barrières de certitudes et ouvre les oeillères acoustiques. (...)
De l'exotisme non déroutant pour un éventuel public figé sur ce que doit être la zic breizhoue. Et du réel plaisir pour celui qui se laisse embarquer. Katé en gallo : « avec moi ». Une idée originelle de partage interne qui ne demande qu'à offrir ses passions et sa conviction. On peut dire maintenant « Avec eux ! ». Leur générosité n'attend que ça.
by Jean-Jacques Boidron
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